Les enfants de la vigne

Preuve que la tradition vinicole est bien ancrée chez nous, la première génération d’enfants ayant grandi sur un vignoble est maintenant en âge de reprendre l’exploitation familiale. À quoi ressemble une jeunesse passée entre les vignes? On a posé la question à trois enfants de vignerons…

Domaine Nival

Photo: Domaine Nival

L’univers viticole, magnétique pour les enfants

Catherine Lauzon se souvient que la profession de ses parents suscitait beaucoup d’interrogations chez ses camarades de classe; d’autant plus qu’elle était l’une des rares élèves à habiter sur une exploitation agricole.

« C’était cool d’avoir un vignoble; ça intriguait beaucoup mes amis. Quand ils venaient chez nous, ils ne voulaient pas voir ma chambre. Ils voulaient aller dans le champ et savoir à quoi ça ressemble, un plant de vigne! », se rappelle la trentenaire, dont les parents possèdent le Vignoble Les Vents d’Ange, à Saint-Joseph-du-Lac, dans les Basses-Laurentides.

Haute comme trois pommes et les deux mains dans les vignes

Âgée de 13 ans au moment de la plantation des premières vignes, en 1998, Catherine a toujours participé à la taille des plants et aux vendanges, en plus d’aider sa mère avec le volet administratif. Elle garde un excellent souvenir des premières années de l’entreprise, qui coïncident avec son adolescence et son entrée dans l’âge adulte :

« [Grandir sur un vignoble,] ça fait de toi un enfant capable de se relever les manches et de se retourner sur un dix cents. Rapidement, on découvre l’envers de la médaille que les consommateurs ne voient pas :  l’effort, les maladies de la vigne, le désherbage, la météo, les nuits blanches lors des gels, etc. ».

Vents d'ange

Photo: Alexandra Lauzon, André Lauzon et Catherine Lauzon | Vignoble Les Vents d’Ange

« Ça forme des gens proches de la nature et travaillants. On sait qu’on doit travailler pour arriver à quelque chose. Et en agriculture, la nature décide beaucoup pour nous. Quand le champ demande du travail, il faut y être », souligne Sarah Du Temple-Quirion, qui a grandi sur le vignoble du Domaine St-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur, en Montérégie.

Sa famille a déménagé au domaine en 2005, alors qu’elle terminait l’école primaire. Rapidement, elle a mis la main à la pâte.

« Lors des grosses journées d’embouteillage, je faisais les boîtes et étiquetais les caisses. Je suivais aussi la famille dans les salons de vins. Comme j’avais moins de 18 ans, je pouvais ouvrir les bouteilles, mais pas les servir! »,  se souvient la jeune femme de 27 ans.

Domaine St-Jacques CVQ Sarah DuTemple-Quirion

Photo: Yvan Quirion et Sarah Du Temple-Quirion | Domaine St-Jacques

Une relève enthousiaste

Il n’est jamais trop tôt pour mettre l’épaule à la roue, comme le prouve Sophie Daoust, dont les parents possèdent le vignoble Les Bacchantes, à Hemmingford, en Montérégie.

Accompagnée de sa sœur Émilie, 7 ans, la jeune fille de 11 ans (« bientôt 12 ») aide ses parents depuis plusieurs années. Elle aime tout du vignoble, sauf « les moustiques et le fait qu’il n’y ait pas Internet ».

« J’aide quand c’est le temps des vendanges et de l’embouteillage. J’aime aussi regarder mon père travailler. J’adore ça! », s’exclame-t-elle en riant.

Photo: Sophie Daoust | Vignoble Les Bacchantes

Un bel équilibre travail-famille

Si les enfants de vignerons sont appelés tôt à donner un coup de main au sein de l’entreprise familiale, ils ne servent pas pour autant de main-d’œuvre gratuite à leurs parents débordés.

« Mes parents ont toujours encouragé mes activités sportives et sociales. Ils nous ont toujours laissé le choix de nous impliquer ou non », explique Sarah Du Temple-Quirion.

Photo: Sophie et Émilie Daoust | Vignoble Les Bacchantes

Sébastien Daoust, le père des jeunes Sophie et Émilie, ajoute:

« À leur âge, ce n’est pas les faire travailler, mais plutôt leur permettre d’apprendre des gens qui sont autour d’eux. Je pense que ça les fait sortir de leur bulle ».

De même, il semblerait que les vigneronnes et vignerons font de bons parents malgré leur horaire parfois chargé.

Du temps de qualité, des champs au camion

« On habitait sur la ferme, donc je voyais mon père chaque jour. Des fois, il soupait rapido presto avant de retourner au champ, mais il était quand même présent, tout comme ma mère, souligne Catherine Lauzon. Je n’ai pas le souvenir de parents absents. Au contraire, on était tout le temps ensemble. Je jouais dans le champ, j’aidais ma mère, je faisais des livraisons avec mon père, etc. On était vraiment proches. »

Le métier lui a tellement plu qu’elle a décidé de rejoindre ses parents dans la gestion du vignoble.

« Je suis née sur la terre sur laquelle je travaille. Pour moi, c’était naturel de rester ici. J’aime la terre et être proche de mes parents », explique celle qui a étudié en travail social avant de revenir à temps plein au sein du vignoble.

Même son de cloche du côté de Sarah Du Temple-Quirion, qui s’investit dans le domaine familial avec son conjoint :

« Dans la famille, comme sur le vignoble, on a chacun notre siège en fonction de nos forces et faiblesses. Je me sens à ma place; je ne sais pas pourquoi j’irais chercher ailleurs. »

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