Vignoble Les Murmures: cultiver la beauté
En 2000, quand ils ont établi leur vignoble, Daniel Hamel et Monique St-Arnaud ont déterminé trois valeurs qui les guideraient dans leur nouveau projet: la conservation de leur sol, la qualité de leurs produits et la beauté. Oui, oui, la beauté! « La beauté du site, la beauté de l’entreprise, explique la copropriétaire du vignoble Les Murmures. Voilà pourquoi on a fait autant d’aménagements de pierres, pourquoi on plante chaque année 400 bulbes de dahlias, pourquoi on fait de grands jardins. On recherche la beauté. Et on a une terrasse panoramique sur laquelle on voit jusqu’aux États-Unis. »
Bien qu’il soit voisin de la réserve naturelle Gault, à Mont-Saint-Hilaire, un paysage d’une beauté exceptionnelle, ça prenait une vision plus grande pour voir au-delà du verger en friche depuis 40 ans que Daniel et Monique ont acheté. « On avait remarqué ce potentiel de production et de beauté. Il fallait deviner le vignoble que ça pourrait devenir », raconte la vigneronne.
Le couple a vu juste et peut se targuer aujourd’hui d’être établi sur un « site vraiment exceptionnel, autant pour le climat que pour la topographie ». « On n’a jamais perdu un seul bourgeon en 22 ans », avoue fièrement Monique, qui est aussi agronome de formation. Le vignoble profite en effet d’un climat des plus favorables au Québec, où les températures annuelles sont équivalentes au climat de Beaune au coeur de la région viticole de Bourgogne.
Leurs 3500 plants de vigne – venant de six cépages hybrides et un vinifiera – profitent de ce climat d’exception, ce qui permet à Daniel et Monique de produire annuellement environ 10 000 bouteilles de vin. Les vins, produits le plus naturellement possible, reflètent le terroir d’où ils sont issus. « On fonctionne avec le moins d’intrants possible, précise Monique. On pense que de façon naturelle, on peut très bien y arriver. »
« Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui aime autant la terre que Daniel, qui la respecte autant.» Monique St-Arnaud.
Pour eux, à deux c’est mieux
C’est sur les bancs d’école que les deux amoureux se sont connus et ont commencé à penser à leurs projets agricoles. Avec chacun une formation en agronomie, ils pensaient reprendre la ferme laitière de la famille de Daniel. La vie en a voulu autrement puisque la ferme est malheureusement passée au feu.
Après une dizaine d’années à faire du vin (mais aussi du cidre, de la bière, du mousseux) en amateurs, c’était confirmé : leur intérêt pour le vin était bel et bien là. Ce qui devait donc être du lait est devenu du vin.
Dès le départ, Daniel et Monique ont fait le choix de tout faire par eux-mêmes, de garder leur entreprise petite, à échelle humaine… de deux humains. « La comptabilité, la vente, la gestion, le site web, les vins… on fait tout à deux. C’est un choix qu’on a fait, parce qu’on ne voulait pas un gros vignoble avec des millions de bouteilles et de grosses charges financières », explique Monique, qui insiste pour dire que c’est un choix très personnel.
Au champ, sur leurs quatre parcelles de vignes, ils travaillent dans le respect de la nature, méticuleusement. « On opte le plus possible pour des traitements biologiques, on produit notre propre compost pour enrichir le sol, on fait tout ce qu’on peut pour préserver notre environnement», énumère celle qui a enseigné l’agriculture pendant plusieurs années, à l’instar de son mari.
Au chai, les choses sont prises tout autant au sérieux. La vigneronne, avant même la première vinification, s’est rendue en Bourgogne pour passer un brevet en oenologie. Et elle l’avoue sans détour: la qualité des produits n’est pas négociable. « Si ce n’est pas à notre goût, on ne le vend pas. »
Monique et Daniel font les choses à leur façon, avec toujours la même idée qui les guide: celle de créer de la beauté, autour d’eux comme dans le verre.
« Quand les gens arrivent ici, ils disent tous: wow, c’est beau ici! » avoue la vigneronne avec une certaine fierté.